Portrait : Abdoulaye Konaté, l’art de sublimer le textile africain
Jeudi 5 décembre, les murs de la galerie Farah Fakhri, sise au Plateau, resplendissent de couleur et d’originalité. Tant les œuvres textiles murales du célèbre artiste malien, Abdoulaye Konaté éblouissent le décor et l’atmosphère ambiante de son exposition en terre ivoirienne baptisée ‘’La Vie des Signes’’.
Chaque installation invite les spectateurs à une méditation visuelle et une réflexion culturelle où motifs, textures et couleurs tissent un dialogue entre héritage et modernité.
« Pour cette exposition, j’explore les traditions textiles ivoiriennes, cet héritage culturel qui incarne le savoir-faire artisanal de la Côte d’Ivoire et qui a été inscrit au patrimoine culturel immatériel de l’Unesco en 2023. Je veux célébrer leur esthétique, leur histoire et leur rôle culturel tout en les intégrant dans une interprétation contemporaine. Je ressors aussi les connexions entre les motifs ivoiriens et ceux des pays ouest-africains », a indiqué l’artiste qui, à cette occasion, nous a ouvert le livre de sa vie.
Né au Mali, à Diré, en 1953 (71 ans), il vit et travaille à Bamako.
Artiste mondialement reconnu, il est une figure incontournable de la scène artistique et culturelle malienne ainsi que du continent africain.
Son parcours artistique débute par une formation académique à l’Institut national des arts de Bamako en 1976, suivie des études à l’Institut supérieur des arts plastiques de La Havane, à Cuba, entre 1978 et 1985, où son approche multidisciplinaire s’est épanouie, mêlant peinture à l’huile, acrylique, gouache et sérigraphie.
Au début de sa carrière, il peint, mais s’oriente rapidement vers le travail du textile. « Le travail du textile est venu dans les années 90 et cela, à mon sens, se situe dans le cadre de l’évolution de ma démarche artistique. Pour créer cette technique, je me suis inspiré de la tenue de korodouya du Mali, des tenues des chasseurs et musiciens sénoufo en Côte d’Ivoire », explique l’artiste.
Une démarche artistique minutieuse basée sur deux grands axes
Il fait vivre chaque bande de manière indépendante et, en les tissant ensemble, les fait exister en tant que groupe. En ce sens, on peut y voir une forme d’unité et un parallèle avec les hommes et leurs relations.
Ses œuvres, à la fois abstraites et figuratives, expriment des sujets, tels que les conflits politiques, les questions religieuses, les injustices sociales, la vie culturelle, la guerre, les épidémies et la migration.Les complexités de la spiritualité humaine ainsi que la protection de l’environnement sont autant d’autres sujets récurrents qui traversent ses œuvres comme un appel à l’harmonie avec la nature « Généralement, deux grandes lignes se dégagent dans mon travail. D’abord, l’esthétique par la recherche de la composition et le travail des couleurs et des proportions qui sont essentiellement basées sur une étude des anciens motifs qu’ils soient maliens, ivoiriens, africains, occidentaux ou asiatiques. Ensuite, la deuxième grande ligne est un travail sur la souffrance humaine à travers des sujets, tels que les conflits politiques, les problèmes religieux, les injustices sociales, la vie culturelle, la guerre, les épidémies, pandémies et la migration », décrit Abdoulaye Konaté qui, en alliant la beauté des traditions textiles et des messages sociaux, a forgé un héritage artistique à travers les cultures, incarnant l’histoire en constante évolution de l’Afrique par la richesse de ses œuvres et la puissance de ses messages.
Un artiste engagé contre la souffrance humaine
Quand on lui demande s’il est un artiste engagé, Abdoulaye Konaté répond tout simplement. « Si l’engagement, c’est de travailler sur la souffrance humaine, je dis oui, je suis un artiste engagé », tranche l’artiste qui participe aussi à l’administration des institutions culturelles.
Il est membre fondateur du Fonds africain pour la Culture. Il a notamment été chef de division des expositions au musée national du Mali de 1985 à 1997. Puis de 1998 à 2002, il a été directeur du palais de la Culture de Bamako et des Rencontres photographiques de Bamako.
De 2003 à 2016, il a été directeur du Conservatoire des arts et métiers multimédia Balla Kouyaté de Bamako dont il est le fondateur.
