YEANZI Ivorian, d. 1988

Yeanzi, né en 1988, est un artiste ivoirien diplômé de l’École Nationale des Beaux-Arts d’Abidjan. 

 

La technique de plastique fondu est sa signature. La philosophie artistique de l’artiste est à la fois historique, mémorielle et utopiste. Il se définit comme un esthète et un intellectuel dont la peinture n’est qu’un outil d’expression et revendique une démarche fondée sur la pertinence de la thématique, mettant en avant plutôt le fond que la forme. 
 
Ses trois séries principales PersonaProjections et Colloquium constituent le champ d’un questionnement critique sur le devoir de transmission mémorielle des sociétés humaines. À travers l’usage de supports variés, il n’a de cesse de peaufiner une esthétique rigoureuse dans l’exécution technique du dessin et dans l’expression thématique de son lexique. 
 
En empruntant à la civilisation Égyptienne antique, ses hiéroglyphes, aux traditions ancestrales, leurs iconographies, à l’histoire générale, une densité d’éléments qui nourrissent aussi bien la complexité et la compréhension de son œuvre. Persona est une approche introspective, elle met en scène l’homme face à lui-même, à sa conscience et à sa propre mémoire. C’est le prologue d’une démarche progressive qui débouche sur sa rencontre avec l’autre, avec la communauté. Ce second volet de la subtile trilogie auquel Yeanzi invite est aussi le questionnement du paradoxe de Baruch Spinoza sur la notion de la « nature naturante » et de la « nature naturée ». 
 
Colloquium est une série de réponses à cette densité de questions émanant de son regard critique. Il replace au cœur de son œuvre, des éléments graphiques, des figures emblématiques et iconiques, des notions philosophiques qu’il considère comme étant de grands oublis de l’histoire qu’il est nécessaire de réhabiliter. La pratique récente de Yeanzi s’articule autour de l’œuvre alphabétique de Bruly Bouabré, figure iconique de l’Art ivoirien et africain qu’il considère comme un support didactique à inscrire de façon endogène dans le canal éducatif de la société ivoirienne et au-delà. 
 
Observateur aiguisé des mutations sociétales, Yeanzi conçoit son œuvre comme le lieu de conservation d’un « essentiel » mémoriel et intemporel qui résiste à la fragilité et la volatilité de la mode. Sa présence au pavillon de la Cote d’Ivoire à la Biennale de Venise vient confirmer une certaine régularité dans la démarche mais aussi et surtout, la cohérence de sa thématique, consolidée au fil des années par un discours franc et lucide qui forge au-delà de l’esthétique, la posture intellectuelle de l’artiste.